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mardi 31 janvier 2017

SAINT-VICTOR-LA RIVIÈRE - LE PELOTON DE LAINE

La mère Miette » du village de Maisse (Saint-Victor-La-Rivière), dans le département du Puy de Dôme, était si avare, qu’elle aurait tondu un œuf.

Sa quenouille à la main, elle suivait ses vaches au champ de l’Aubespi (les beaux épis) quand elle trouva au milieu du chemin un gros peloton de laine, couleur de la bête. Elle se baisse vivement pour le ramasser et si vite, si vite, qu’elle ne pense pas une minute à la fileuse qui l’a perdu. Elle le voit déjà dans la vaste poche de son tablier qui s’ouvre toute grande comme pour le recevoir.

Cependant, elle ne peut saisir le peloton. Il glisse, glisse devant elle,...

D’après Céline Mazier (25 avril 1886) - « Revue des traditions populaires. » Contes Populaires et Légendes d’Auvergne – Les Presses de la Renaissance (1977)

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lundi 30 janvier 2017

VILLENEUVE-LEMBRON - LA BARAILLE ET LA DAME JAUNE

Dans le château de Villeneuve1 bâti par Rigault d'Aurelle, baron de Villeneuve, chambellan, maître d'hôtel et ambassadeur de Louis XI, Charles VIII et Louis XII. il y avait une gouvernante nommée la Baraille qui se conduisait très mal. Une nuit le diable l'appela par son nom...

1Villeneuve-Lembron, chef-lieu de commune, canton de Saint-Germain Lembron, arrondissement d'Issoire (Puy-de-Dôme).

D’après le Baron du Roure de Paulin - Revue des traditions populaires - Auteur : Musée de l'homme (Paris) - Éditeur : Société des avril 1907

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dimanche 29 janvier 2017

COURPIERE - DES CERCUEILS SUR LA ROUTE

Une nuit, les habitants d’un village voisin de Courpière revenaient de la foire ; il était onze heures du soir. C’était pendant l’hiver, la nuit était profonde et noire, les sabots ferrés des paysans frappaient en cadence sur le sol gelé et le bruit animé de leur voix, troublait la calme de la campagne. Ils parlaient de leur champs, de leur avoir, en gesticulant des bras, en remuant la tête et s’animant avec force dans leur patois. Ils allaient d’une marche rapide.

Soudain, à un détour de la route, à travers le bois qui la borde, ils s’arrêtèrent effrayés ...

D’après Denise Serre, élève du Cours Complémentaire de Jeunes Filles à Courpière (Puy-de-Dôme) – Février 1927 - Archives d’Henri Pourrat

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samedi 28 janvier 2017

LE SORCIER DE RIOM

A Aubière, tout près de notre maison demeurait un jeune ménage, de paysans : le mari était cultivateur et c'était un brave garçon, très estimé dans le village à cause de sa bonne conduite et de son extrême probité.

Un jour, lui et sa femme, s'étant rendus à Clermont-Ferrand au marché pour y vendre quelques produits de leur ferme, ils rentrèrent à Aubière assez lard dans la soirée. Après leur souper, ils voulurent mettre l'argent gagné de la journée, avec leurs économies, qu'ils avaient l'habitude de cacher au fond d'un ancien bahut. A leur grand étonnement et à leur grand désespoir, ils constatèrent que pendant leur absence, quelque malfaiteur s'était introduit chez eux, et que tout leur argent avait disparu ! ...

D’après Mademoiselle Brandt - Revue des traditions populaires -Auteur : Musée de l'homme (Paris). Auteur du texte - Éditeur : Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris) - Date d'édition : novembre 1895

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vendredi 27 janvier 2017

LES MARTRES-DE-VEYRE - JEAN DES ENVIES

Aux Martres-de-Veyre, on parle de Dzuan de le ivedzè (Jean des Envies), qui était en rapport avec les esprits.

Plusieurs fois il avait amené des amis dans son cuvage...

D’après La Revue des traditions populaires - Auteur : Musée de l'homme (Paris) - Éditeur : Société des traditions populaires (Paris) - Date d'édition : mars 1899

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jeudi 26 janvier 2017

AUVERGNE - LA RONDE DES FÉES

Un soir, un samedi, un garçon nommé Irald passait au pied du Lac des fées à onze heures ; au clair de lune, il voit sur le sommet des êtres aériens ; il arrive jusqu’à la danse sans que sa présence eût été aperçue.

Cependant la ronde s’arrête : deux fées rompent la chaîne et lui font signe de venir prendre la place faite pour lui. Le garçon s’y précipite, mais lorsque ses mains ont rejoint celles de ses belles voisines quelque chose de sec et glacé le saisit comme dans un étau...

D’après Deribier du Chatelet - Littérature orale de l'Auvergne par Paul Sébillot - Éditeur : G.P. Maisonneuve et Larose (Paris) - Date d'édition : 1898

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mercredi 25 janvier 2017

LAMONTGIE - LA LÉGENDE DU PRÊTRE QUI REVIENT DIRE SA MESSE A MINUIT

Un soir, un homme de Féroussat qui passait près de l'église de Lamontgie, y vit de la lumière ; il s'approcha, regarda à l'intérieur par une fenêtre, et reconnut avec terreur l'ancien curé qui était mort quelques temps auparavant ; le prêtre était à l'autel, en tenue d'officiant, au milieu de tous les cierges allumés, et il se retournait de temps en temps du côté de la nef, comme s'il attendait quelqu'un....

D’après A. Dauzat - Revue des traditions populaires - Date d'édition : février 1899

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mardi 24 janvier 2017

BRIOUDE - ANTOINE EN PARADIS

Antoine Viralo, le gendre de la Guite, habitait sous la Tranchée et faisait des sabots ; dévot comme un abbé, il servait la messe du curé de Saint-Préjet , on l’avait surnommé « Saint ».

Mais pour son malheur, il avait un voisin, Baptiste de la Chèvre, qui lui en faisait voir de toutes les couleurs, ils étaient voisins de propriétés aux Vigeries, une parcelle de la taille d’un foulard, et il ne s’écoulait pas de semaine sans que ce coquin de Baptiste lui fasse une misère.

Ils avaient des arbres mitoyens, lorsque mon Antoine allait pour récolter la moitié de la feuille de ses branches, l’autre avait tout raclé et récolté. Aussi, ce pauvre Antoine en était-il malade....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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lundi 23 janvier 2017

BOURG-LASTIC - LES FÉES ET LES CHAUVES-SOURIS

A Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme) sont les grottes des fées, creusées par elles dans l'ancien temps, pour s'y abriter contre le froid, durant l'hiver; on ne savait pas encore bâtir les maisons. Mais les pauvres bonnes fées avaient si froid ...

D’après Francis Pérot - Revue des traditions populaires - Date d'édition : décembre 1911

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dimanche 22 janvier 2017

ARDES-SUR-COUZE - LE MEURTRE DE LA DUCHESSE DE MERCOEUR

Le duc de Mercoeur, alors partisan d'Henri IV, invita celui-ci à venir dans son château qui domine le village d'Ardes-sur-Couze, arrondissement d'Issoire. Pendant que le duc était à combattre ses ennemis, Henri IV séduisit la duchesse...

D’après Edmond Deroure - Revue des traditions populaires – Date d’édition : février 1901

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vendredi 20 janvier 2017

SAINT-FLOUR - UN PELOTON DE FIL

Une fois, il y avait une jeune fille du bourg de Nessayre qui se mariait. Un jour, son fiancé vint la chercher de grand matin pour aller faire les achats de fiançailles à Saint-Flour.

La jeune fille partit toute joyeuse avec son fiancé; elle était tellement contente et pressée d'acheter de belles choses, qu'elle oublia de faire sa prière.

Tout se passa pour le mieux; la chaîne en or, les pendants, l'alliance, les bagues, lui plurent et ils lui allaient très bien....

D’après Antoinette Bon - Revue des traditions populaires - Auteur : Musée de l'homme (Paris). - Éditeur : Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris) -Date d'édition : 24 avril 1887

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jeudi 19 janvier 2017

SAUGUES - IL FAUT RAPIÉCER SES CULOTTES - CHAU PETASSAR SIS BRAIAS

Un jour , le curé d’une petite paroisse des environs de Saugues, monta en chaire et dit :
« Homme, mes frères,
Depuis que les femmes sont femmes, le diable cornu leur fait tourner la tête, la langue, sans parler du reste. Aussi chétive engeance d’hommes que vous êtes, combien je vous plains, car, aujourd’hui encore, toutes les filles d’Éve s’agitent, s’étirent, cèdent et fléchissent, tournent et retournent, pointent et recroquevillent leur langue de serpent de l’enfer...

D’après Henri Gilbert « Les contes de la Luneira » - Imprimerie de la Haute-Loire, Le Puy – 1932

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mardi 17 janvier 2017

PUY-DE-DÔME - LA BOUTEILLE DES CONSCRITS

Les conscrits dans certaines parties du Puy-de-Dôme, accomplissent après le tirage au sort une singulière cérémonie. Ceux de la même commune se réunissent dans une salle d'auberge et achètent au maître de l'établissement une ou plusieurs bouteilles remplies autrefois de vin, mais aujourd'hui de rhum, de cognac bu de kirsch. La bouteille est d'habitude apportée par la femme de la maison qu'en cette circonstance on désigne du nom de tante, comme dans le compagnonnage....

D’après le Docteur Pommerol - Revue des traditions populaires - Éditeur : Société des traditions populaires (Paris) - Date d'édition : mars 1889

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dimanche 15 janvier 2017

AMBERT - LA STATUE MIRACULEUSE DE NOTRE DAME DE LAYRE

La statue de Notre-Dame de Layre est très vénérée à Ambert. On prétend que pour la soustraire aux profanations des Huguenots, un dévot à Marie, la cacha et la fit murer dans un coin de sa maison, située au lieu de Layre.

Il mourut avec son secret, et l’on ne savait ce qu’était devenue la statue, lorsqu’une inondation abattit la muraille où elle avait été cachée....

D’après l’Abbé Grivel - Auteur : Sébillot, Paul (1843-1918) - Éditeur : G.P. Maisonneuve et Larose (Paris) - Date d'édition : 1898

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samedi 14 janvier 2017

CHAMPETIERES - LES CORBEAUX DÉNONCIATEURS

C’était la veille de la Saint-Michel, par une de ces matinées sombres dans nos montagnes, et qui annoncent que la neige est au ciel : Per la Saint-Micha, l’eiviar i au chat.

Deux voyageurs d’assez mauvaise mine cheminaient par la route qui conduit de Champetières à Sauxillanges. Arrivés près du carrefour d’un petit bois qui bordait le chemin, ils parurent distraits par le croassement de quelques corbeaux qui étaient perchés sur des arbres voisins ...

D’après l’ Abbé Grivel - Littérature orale de l'Auvergne par Paul Sébillot – Date d’édition : 1898

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jeudi 12 janvier 2017

DORANGES - DANSE MACABRE SUR LE RUISSEAU DE GUI

Dans son pays natal, dans la commune de Doranges, ma grand’ tante, encore toute jeune, demeurait avec ses parents dans un hameau perdus dans les bois, bâti sur le flanc d’une colline. Au fond de la vallée coulait un petit ruisseau qu’elle nomme le ruisseau de « Gui ».

Sur ce ruisseau, me disait-elle, tous les soirs, après le coucher du soleil venaient se réunir tous les mauvais esprits : le diable, le démon, le loup-garou, le charlatan …

D’après N… Ducher, élève au Cours Complémentaire à Saint-Germain l'Herm (Puy-de-Dôme) – 1927 - Archives d’Henri Pourrat

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LES ENFANTS MORTS SANS BAPTÊME - AUVERGNE

Un fermier dont la servante avait mis au monde un enfant mort, alla l'enterrer la nuit au pied d'une croix située aux Quatre-Chemins....

D’après le Docteur Pommerol - Revue des traditions populaires - Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris) – Date d’édition : Décembre 1899

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ON NE DOIT PAS TRAVAILLER LE DIMANCHE - CANTAL

Il y avait une fois un fermier très riche, qui avait beaucoup de domestiques. Marguerite, sa première servante, était connue dans tout le pays pour son attachement à son maître et aussi pour son peu de respect de la religion.

> Un dimanche le fermier ordonna à tous ses gens d'aller travailler dans un champ au milieu de la forêt, parce qu'il y avait du fumier à écarter (à étendre), et que l'ouvrage pressait. Les autres domestiques dirent que le dimanche était un jour de repos, consacré au Seigneur, et Marguerite fut la seule qui se montra disposée à obéir à son maître. ...

D’après Antoinette Bon - Revue des traditions populaires - Société des traditions populaires au Musée d'ethnographie du Trocadéro (Paris) - Date d’édition : mai 1888

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LES SAUVAGES - LA NUIT DE LA TOUSSAINT

Il paraît que, chaque année, la nuit de la Toussaint, les morts de la paroisse viennent sur terre et visitent les lieux où ils ont vécu. Ils parcourent, en particulier, le chemin qui conduit à l’église et par où leur cercueil a passé le jour de leur enterrement. Ils s’arrêtent à tous les endroits où les porteurs fatigués se sont arrêtés.

Il y avait, au village des Sauvages, une vieille fille d’une piété rare, tante Rose. Elle avait une dévotion très grande envers les âmes des défunts, et elle avait l’habitude de passer en prière la nuit entière entre le jour de la Toussaint et celui des morts. Or, une année, elle était dans sa chambre, et elle priait .

Tout à coup , la porte s’ouvrit, ...

D’après Henri Hugon (1869-1944) « Les légendes du Velay » - Réédition du Musée de Saint-Didier

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LA FORIE - LE PAYS DES SIGNES ET DE LA VISION

Dans la plaine du Livradois ou sur les montagnes, partout les gens que vous rencontrez, dès lors qu'ils vous connaissent bien, peuvent vous raconter quelque expérience qui n'est pas de la terre.

Il est naturel que les femmes surtout, plus sensitives, soient sujettes à ce genre de visions. Mais je connais aussi des hommes qui ont vu des choses, la plupart quand ils étaient enfants il est vrai. Quand ma grand'mère mourut, un mien cousin-germain, et un ami à lui, le fils du meunier d'alors, virent une colombe quitter le corps. L'impression fut si vive que l'ami, un homme fait à présent, m'en parle chaque fois qu'il vient par ici....

D’après Claude Dravaine - L'Auvergne littéraire et artistique - Date d’édition : mars 1932

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LA DANSE DES FÉES

Un soir d'été après avoir bien fait danser la jeunesse de la noce au son de sa musette, Jacquillou (Jacques) le cabrettaire, la tête un peu échauffée, paria qu'il irait voir danser les fées aux quatre chemins du milieu de la forêt. Il était brave et très fort Jacquillou et n'avait jamais cru aux fées.

La nuit était claire et notre cabrettaire partit sa musette sous le bras. Deux ou trois fois il lui sembla que quelque chose l'arrêtait, c'était la peur sans doute, mais il avait trop d'amour-propre pour reculer.

Tout à coup quand il fut aux quatre chemins, il vit une vingtaine de fées qui dansaient en rond. Jacquillon eut peur, il ne remarqua pas que ces demoiselles étaient pâles et maigres et que lorsqu'elles se tapaient dans les mains l'on entendait un bruit comme celui que font des os sans viande....

D’après Antoinette Bon - Revue des traditions populaires - Société des traditions populaires (Paris) – Date d’édition : 15 mars 1891

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SAINT-BONNET- LE CHASTEL - LA CHÈVRE EN OR

Un jour en se promenant, une vieille femme aperçut dans le Bois de la Coisse une chèvre en or. Cette nouvelle se rependit. Alors tous les gens des villages proches accoururent avec des tombereaux, des crics et des chaines pour la soulever. Tout ce monde arriva à l’endroit dit. Mais elle n’y était pas. Enfin un homme l’aperçut un peu plus loin dans les bois :
- C’est un mystère !
- Je ne sais pas !
- L’or ne marche pas !
- « Coumma fare » !
- Poursuivons là ? ...

D’après M. Girodon, élève de l’ école à Pavagnat (commune de Saint-Bonnet-le-Chastel, Puy-de-Dôme)– 1936-1937 - Archives d’Henri Pourrat

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LES NOËLS VELLAVES

… C’est une légende très ancienne, infiniment ancienne, comme toutes les légendes, et dont l’authenticité n’est plus discutable que celles où paraissent les « dracs », les fées et les lutins… quelques vieux, quelques vieilles vous assureront avoir autrefois aperçu bien souvent la nain malicieusement perché au bord d’un chaume : d’autres affirmeront avoir entendu à diverses reprises le ricanement moqueur du lutin caché dans les haies… d’autres enfin vous assureront aussi que jadis de vieilles gens avaient certainement connu les deux héroïnes de mon conte…

Il y avait donc un roi et une reine qui n’avaient point d’enfant… Cela chagrinait beaucoup Sa Majesté le roi que préoccupait fort la question d’un successeur à la couronne…

D’après Marius Versepuy « Les Noëls Vellaves » - Bulletin historique, scientifique, littéraire, artistique et agricole illustré publié par la Société scientifique et agricole de la Haute-Loire - Date d'édition : 1911

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LES PÉNITENTS - CHILHAC

Il y avait, autrefois à Chilhac, une confrérie de pénitents, et l’on faisait, par les rues, la procession de la Passion. Les pénitents avaient une robe blanche, ils étaient masqués et avaient les pieds déchaus dans des soles.

L’un d’eux portait la croix, un autre le fouet, un autre la lance, un autre la couronne d’épines, un autre l’éponge, un autre le coq, d’autres des lanternes à la cime d’un bâton, et, pour en finir, toutes les choses que vous savez.

Cette année-là, Micalan, qui figurait le bon dieu, portait la croix, et Pataud, le fouet...

D’après Henri Gilbert - Les conteurs du Covize – Imprimerie « La Haute-Loire » - Le Puy en Velay – 1953

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CHILHAC - LA DAME BLANCHE

Depuis quelque temps, on ne parlait, à Chilhac, que d’un revenant qui se montrait, toutes les nuits, dans le bois de « Labadan », le long du chemin qui va au Chassagnon.

Chaque soit, à minuit, une dame blanche apparaissait à l’orée du bois et y restait jusqu’au matin.

Aussi la peur avait gagné toute la contrée ; les femmes ne passaient qu’avec crainte, même le jour, en cet endroit, et, à l’assemblée, ou bien à la veillée, ce sujet faisait virer les langues :
- Voyez-vous, disaient les femmes, ce doit être une âme qui languit et qui a besoin de messes.
- Je crois, faisaient les autres, que c’est le diable qui vient quérir les âmes damées qu’il a achetées.....

D’après Henri Gilbert « Contes populaires et légendes d’Auvergne » - Richesses du Folklore de France – Les Presses de la Renaissance - 1979

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LAFARRE - ENCORE UNE HISTOIRE DE LUTIN

Un paysan avait été à la foire de Pradelles. Il y acheta des moutons et, le soir venu, il les ramenait chez lui. Il approchait de Lafarre, quand, arrivé à la descente qui va du Cros à Langougnole, il vit un superbe mouton qui semblait s’échapper de son troupeau parmi les genêts.

Le paysan l’appelle, rien n’y fait. Alors, il le suit pour le rattraper et le ramener. Celui-ci, par moments, s’arrêtait et bêlait, et, quand notre paysan tendait la main pour le saisir, il repartait à toute vitesse...

D’après Henri Hugon (1869-1944) « Les légendes du Velay » - Réédition du Musée de Saint-Didier

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BOURG-LASTIC - LE MOINE, LE LOUP ET LA BERGÈRE

A trois kilomètres de Bourg-Lastic, au fond des gorges du Chavanon, « La Cellette », quoique située en Corrèze, est spirituellement affiliée à l'Auvergne.

Au XIIesiècle, un bénédictin de Mozac se perdit dans ces montagnes. Frappé par l'aspect de ces gorges sauvages, il y construisit une cellule et une chapelle. Ce fut « La Celle (ou maison) de Notre-Dame »,...

D’après Traditions, légendes, contes mystérieux d'Auvergne

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BRIOUDE - LE PRÔNE DU CURÉ DE SAINT JEAN

Au temps où l’église de Saint-Jean était paroissiale, il y eut un curé qui trouva la manière d’offrir une pinte de bon sang à toutes ses ouailles, et ma foi, il ne s’y serait pas engagé s’il avait su la tournure que cela allait prendre.

Un dimanche, au beau milieu de la grand’messe, il monta en chaire et prêcha ainsi :
- « Ecoutez, vous tous qui êtes là, et dites à ceux qui sont demeurés à l’extérieur : cela ne peut plus continuer de cette façon, il faut que cela cesse, je suis excédé de constater que mes paroissiens détiennent le ruban du dévergondage ».
- « N’avez-vous pas honte, les hommes, d’aller trainer votre cuir chez cette grande laide de Marguerite Gargousse, qui tient auberge dans l’impasse de la Pardige ....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf

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COUTUMES RÉGIONALES DU BRIVADOIS

Notre région brivadoise reste très attachée à certaines traditions locales, et cet attachement est peut-être plus vivace chez nous que dans d’autres contrées : on en trouve la preuve dans la persistance de quelques coutumes, parfois simples et naïves, mais curieuses dans leur réalisation.

A Auzon, la veille de la Saint-Jean, on place aux portes et aux fenêtres des habitations, des bouquets de sureau et de feuilles de noyer . A Lamothe, un agneau fait partie de la procession...

D’après l’ Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965

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VIEILLE-BRIOUDE - LA PRUNELLE

Il ne faut pas croire que ce soit un mensonge ; il y en a bien la bonne moitié de vrai aussi sûr que le pont de Veille-Brioude.

Jean le Cabretaire avec son Annette de chez le mal torché avaient une fille, l’Antoinette, un vrai numéro ! Ça avait dix-huit ans, pas laide, il s’en faut, vous auriez renoncer à trouver quelque chose de plus désagréable : Têtue comme une mule, et si vous disiez blanc, elle voulait noir, vous vouliez aller à droite, elle voulait aller à gauche, paresseuse comme un lézard, méchante comme la gelée, agréable comme un faix d’ortie ; les garçons l’avaient surnommée ; la Prunelle....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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LES « COURPATAS » DE BLASSAC

Blassac est un petit village situé en aval de La Voûte-Chilhac, sur la rive gauche de l’Allier. Il est bâti sur un rocher à pic sur l’Allier. Une église romane est placée au centre de l’agglomération. Jadis cette église était mieux entretenue qu’elle ne lest aujourd’hui, et le curé qui la desservait au commencement du siècle dernier était très zélé pour la maintenir dans un état de propreté qui la faisait remarquer entre toutes celles des environs. Les soins tout particuliers qu’il rendait à son église et bien d’autres qualités, sans doute, l’avaient rendu populaire.

Aussi lui faisait-on force cadeaux, suivant la saison, de lièvres, de perdreaux, de pigeons qu’il ne laissait pas moisir dans son garde-manger. Ces oiseaux purement culinaires lui permettaient d’avoir une table toujours ouvertes à ses amis.

Au printemps, lorsque les parures de la vigne se développent et que les feuilles prennent une certaine ampleur, rien n’est aussi savoureux que des pigeons rôtis enveloppés dans des feuilles de vigne et bardés du lard savoureux...

D’après Ulysse Rouchon – Contes et Légendes de la Haute-Loire – Moulins – 1947

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LE PUY - QUAND LES PROSTITUÉES FAISAIENT DE LA DENTELLE

En recueillant les filles perdues au Refuge, Saint François d’Assises est à l’origine de la prise en charge institutionnelle des prostituées, au XVIIe siècle. Le saint jouait les trouble- fête en secouant l’ordre établi au point que trois souteneurs encouragés par la jeunesse dorée le cueillirent sur le parvis de l’église...

D’après » Le Puy –En- Velay Secret » - Hors Série de l’Éveil de la Haute-Loire – Novembre 2015

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ARLANC - LA FONTAINE QUI DÉNONCE

Un seigneur de Couasse1 dans le Puy-de-Dôme, tua un jour son berger, dont il était jaloux, et il avait pris les plus grandes précautions pour qu’aucun soupçon ne pesât sur lui.

Un pauvre bûcheron fut accusé de ce meurtre et traduit devant le seigneur haut justicier, qui était le coupable lui-même. Il fut condamné à mort et allait être exécuté, lorsque survint un moine, qui déclara avoir vu le meurtrier aller laver ses mains et son épée au ruisseau voisin...

1 Lieu-dit d’Arlanc

D’après l’Abbé Grivel – Chroniques du Livradois – Ambert – 1852

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FIX-SAINT-GENEYS - LE COULOIR DU LAIT

Deux braves Limagnais en descendant du Puy
Un peu plus bas que Fix, se trouvèrent de nuit ;
Il était obscur, il faisait froid et ils crevaient de faim ;
Il neigeait à plein temps et la bise en soufflant
Leur bouchait les yeux !
- « Il faut nous abriter,
Sans quoi nous sommes foutus, mon pauvre camarade ! »
Disait l’aîné, Jean. Le plus jeune, Vital :
- « Je crois que par là il doit y avoir une maison,
Nous ne pouvons aller plus loin, on ne voit plus la trace »
Juste à ce moment, ils voient une baraque
A côté du grand chemin.
- « Nous sommes sauvés, d’un peu plus… »
Ils heurtèrent au portail
- « Ouvrez-nous, s’il vous plaît ....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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BRIOUDE - LA VEILLÉE CHEZ LE CORDONNIER

Un soir d’automne, sept ou huit farceurs qui s’étaient réunis pour veiller dans l’échoppe de Cadelu de la Meunière , le cordonnier du Vala, entreprirent de médire les femmes.

Ils étaient tous mariés, et pas un ne voulait laisser dire qu’il n’était pas maître chez lui.
- « S’il vous plaît, il ne manquerai plus que ça, qu’il faille obéir et cheminer devant un jupon ! criait Claude Mange-Graines : ma femme, ma belle-mère et toute la boutique je fais marcher tout ça comme je veux, faute de quoi une gifle et le compte est réglé »....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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BRIOUDE - LES CORNES DU SAIGNEUR

Au temps où au Tourniquet il y avait la vigerie de Pascon qui venait jouxter les moulins, les gens allaient d’étendre dans l’allée fraîche sous l’ombrage, où veillaient deux grands chiens de pierre.

Un dimanche, à la Saint-Jean que le Bourguignon ensoleillait fort et rôtissait le pays, la grande Marguerite du chiffonnier et la Marguerite du saigneur s’y étaient rendues et faisaient une petite sieste pendant que leurs maris se plongeaient dans le bief.

Le chiffonnier nageait comme un barbeau...

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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mercredi 11 janvier 2017

CONDAT-EN-FENIERS - LES TROIS COQUINS QUI VONT À LA FOIRE

Il y avait une fois trois galapiats, de ce que rien ne vaut. Leurs noms ne pouvaient tromper personne, s’ils osaient dire. L’un s’appelait Traîne-Besace, le second Galope-Chopine, et le troisième Mange-Gagné. Ils ne pouvaient pas mieux se convenir entre eux, ils s’entendaient comme le doigt et l’ongle. Et s’ils avaient la bourse plate, ce n’est pas la malice qui leur faisait défaut.

Ces trois coquins lavèrent leur blouse, coupèrent leurs cheveux et cirèrent leurs bottes. Ils s’en allèrent à la foire de Condat, peut-être celle du 4 septembre qui touche à la fête. Ils n’étaient pas tombés de la dernière pluie. Ils décidèrent de se servir à la foire d’empoigne et, pour une fois, de bien faire la noce....

D’après Marie Aimée Méraville – Contes d’Auvergne – Editions Erasme – Paris 1956.

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BRIOUDE - LE CONTE DE SAINT JULIEN

Dans le canton, tout le monde connaît le père Vital.

Chaque jour que le bon Dieu fait, il est ivre comme une faux. L’autre jour, Vital avait une soif qui l’étranglait et rien pour boire, et pas un liard dans sa poche.

Il avait ouï dire qu’autrefois saint Julien faisait des miracles. Mon homme se dit :
- « Bon, je vais aller à l’église ; je ferais une fervente prière et peut-être ce brave saint fera quelque chose pour moi ».

A peine à genoux, il commença par dire ....

D’après Henri Gilbert « Contes populaires et légendes d’Auvergne » - Richesses du Folklore de France – Les Presses de la Renaissance - 1979

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LANGEAC - LE « PUITS » DE LA MÈRE AGNÈS

Peu après son entrée au monastère de Langeac, Agnès fut chargée du soin de la cuisine, Or, l'eau était loin de sa portée pour aller la chercher, elle devait accomplir de longs et pénibles trajets, et la crainte de se rendre à charge à sa communauté l'empêchait de demander une aide. Elle confia sa peine à Dieu qui, exauçant aussitôt sa prière, fit jaillir, dans la cuisine même, une source d'eau très limpide et très abondante. Cette source fut plus lard recouverte d'une maçonnerie, et les malades qui venaient boire de son eau en se recommandant aux mérites de sœur Agnès, en éprouvaient du soulagement....

D’après l’Abbé Julien Espinasse - Les fontaines Saintes de l’arrondissement de Brioude - Almanach de Brioude et de son arrondissement (1924)

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MASSIAC - LES TROIS MINEURS

Au temps jadis, trois mineurs, bons pères et bons chrétiens, travaillaient dans les mines d'antimoine de Massiac (Cantal). Avant de se mettre au travail, ils avaient l'habitude de faire leur prière. Mais un jour ils oublièrent de prier Dieu. A peine eurent-ils commencé leur besogne, qu'un' éboulement soudain les ensevelit vivants dans la mine. Ils eurent alors recours à Dieu et lui adressèrent une fervente prière : un génie leur apparut, toucha du doigt leur morceau de pain, versa de l'huile dans leur lampe et disparut.

Le pain et l'huile durèrent sept ans...

Recueilli par Mademoiselle Antoinette Bon et publié par la Revue des traditions populaires - Date d'édition : 25 janvier 1886

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THORAS - UN NOUEUR D'AIGUILLETTE

Dans un Procès-verbal de Visite des Eglises de l'archiprêtre de Saugues, dressé pour Sylvestre de Marcillac évêque de Mende , par François du Puy, curé de Thoras. en 1650, et communiqué à une Société savante de la Haute-Loire par M. A. Lascombe, on relève ceci :
« Vidal Jacques, prêtre vieux. Le voisinage croit qu'il se mesle de nouer l'eguillette. Deux personnages m'ont bien assuré qu'il la dénouoit, et guérissoit ceux qui estoient atteins du maléfice....

D’après Adrien Lascombe – Publié par la Revue des traditions populaires - Date d'édition : février 1902

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MASSIAC - LE CHAPELET DE SAINTE MADELEINE

Les deux parties de la Chauds, près de Massiac ont reçu leur nom de deux dévots personnages qui s’y étaient retirés : saint Victor avait un ermitage sur l’un, sainte Madeleine sur l’autre, et actuellement encore chacun d’eux y a une chapelle bâtie en son honneur. De leur dévote retraite, les deux anachorètes pouvaient se voir ; mais la rivière les empêchait de communiquer ensemble. Cependant Madeleine désirait beaucoup consulter Victor sur les choses divines ; enfin elle l’obtint du ciel, et y parvint par un miracle...

D’après Legrand d’Aussy - Voyages en Auvergne - Littérature orale de l'Auvergne - Auteur : Sébillot, Paul (1843-1918) - Date d'édition : 1898

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SAINT-ETIENNE-SUR-BLESLE - LA FONTAINE DE SAINT LÉON AU CHAYLAT

Le Chaylat est un modeste village de l'ancien archiprêtré de Blesle, qui est devenu le chef-lieu de la paroisse et commune de Saint-Etienne-sur-Blesle. Sur la rive droite du ruisseau de Voirôze, un peu au-dessus du chemin reliant le Chaylat Saint-Etienne, se trouve une fontaine sacrée dédiée à Saint Léon .

Trois côtés de cette fontaine sont bâtis en pierres et supportent une voûte dans le mur du fond est percée une ouverture de vingt centimètres de côté, par laquelle l'eau tombe et s'écoule aussitôt le long de la montagne, très escarpée. Dans les murs latéraux, on aperçoit deux niches qui devaient contenir des statues de Saint Léon...

D’après l’Abbé Julien Espinasse - Les fontaines Saintes de l’arrondissement de Brioude - Almanach de Brioude et de son arrondissement - Date d'édition : 1924

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LE SEIGNEUR LOUP-GAROU

Au sommet d’une colline contournée à sa base par la Loire, qui n’est encore qu’un faible ruisseau, se trouvent les ruines du château de Montsuc, dont les sombres tours dominaient jadis le pays à vingt lieues à la ronde.

La tradition a conservé le souvenir des seigneurs de Montsuc, des atrocités qu’ils commettaient, de leur dureté pour les pauvres gens, et quand les paysans regardent ces ruines, ils ne peuvent s’empêcher de frémir aux souvenirs des seigneurs qui se sont succédé, et surtout à ceux du dernier d’entre , qui en punition de ses crimes aurait été transformé en une bête monstrueuse....

D’après Antoinette Bon - Revue des traditions populaires - 15 avril 1890

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SAINT PIERRE ET LE DIABLE

Saint Pierre et le diable se rencontrèrent un jour sur notre planète. Ils avaient mission l’un de sauver les âmes, l’autre de les perdre. Installés dans une grande cité où ils ne pouvaient suffire à leur besogne, ils devaient y faire un long séjour. Pour être le premier un grand saint, le second un puissant roi des enfers, ils n’en étaient pas moins obligés de se soumettre à l’inexorable loi commune aux mortels et d’obéir à l’arrêt de dieu après la chute du premier homme : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». Ils affermèrent donc un champ....

D’après A. Lascombe « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur –éditeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

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TAILHAC - LES PIERRES DES FÉES

Au sud-ouest de Langeac, près de Tailhac, la tombe des fées a, début du siècle dernier, fait l'objet d'une étude par un certain M. Duranson.

C'étaient deux dolmens de taille différente dont le plus petit était nommé la crèche de l'âne. Sous le plus grand, qui était dallé au sol, quelques marches conduisaient à une espèce de caveau presque entièrement obstrué. Peu après, un paysan voulut fouiller ce caveau dans l'espoir de trouver un trésor...

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SAINT-GERMAIN-L'HERM - LES LOUPS MUSICIENS

Mon père m’a toujours raconté les aventures de mon grand père Alphonse. Une de ses aventures m'a beaucoup impressionné, la voici: « Ceci se passait en 1895, à Saint- Germain- en- l’Herm, petit village situé dans le Livradois en Auvergne. Alphonse n’avait jamais appris la musique, mais, il jouait naturellement du violon.

A l’époque, lorsqu’il y avait un mariage ou une fête, pour agrémenter l’événement, on faisait venir un musicien. C’est à l’occasion d’une fête, dans le village du Fournols à quelques kilomètres, que Alphonse avait été demandé...

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BRIOUDE - SAINT JULIEN ET LE PEIGNEUR

Antoine l’Echeveau, qui était peigneur derrière la porte des Chèvres peinait pour nourrir sa couvée d’enfants, et, malgré son travail, il logeait la misère dans sa maison plus souvent qu’à son tour.

Il avait commis l’erreur d’emprunter dix écus à un vieil avare, surnommé le Loup, qui tenait boutique dans Briganvaï. Cette crapule était méchante comme la gelée, il ne prêtait qu’à des taux usuraires, et il fallait payer à échéance, sans quoi on avait l’huissier !

Les dix écus devaient être restitués pour la Noël, et mon pauvre Antoine se donner du mal pour économiser, pour se sauver de la malice du Loup : mais vous auriez dit que le diable s’en mêlait ...

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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LES ANCIENNES NÉCROPOLES DU BRIVADOIS

Il arrive assez souvent qu’au cours de travaux de terrassements, on découvre des ossements humains dont certains remontent à des périodes anciennes de notre région brivadoise. De telles découvertes sont assez fréquentes lorsqu’elles se produisent dans le voisinage d’antiques églises ou vieux monastères.

Dans le passé, malgré les défenses portées par les conciles et les rois, certaines sépultures étaient faites dans les églises ; on y ensevelissait les personnages de marque, tant ecclésiastiques que séculiers.

A Brioude, on enterrait dans toutes les églises paroissiales, sans parler de la collégiale de Saint-Julien, où l’on voit encore plusieurs pierres tombales, notamment celle de l’abbé Pierre Nozerines, mort en 1757. Dans l’église Saint-Jean, les sépultures étaient si nombreuses qu’elles constituaient un véritable danger pour la salubrité publique....

D’après l’ Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965

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LE PUY - LES CHAPERONS BLANCS

La réconciliation du comte Raymond V de Toulouse et du roi Alphonse d’Aragon en 1185 amena le licenciement des ces bandes de Routiers qu’ils avaient entretenues à grand frais pour soutenir leurs prétentions rivales aux domaines du Rouergue et du Gévaudan. Tous ces soldats se rependirent à travers les provinces méridionales, principalement dans le Velay où déjà d’autres compagnies semblaient en permanence comme en pays conquis.

Quel moyen trouver pour chasser, pour disperser ces hordes insaisissables....

D’après Francsique Mandet - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur –éditeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

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BRIOUDE - L’ÂNE DU CHARDONNERET

On dit parfois : « Il ne faut pas se fier à tout le monde », et on a pas tort. Tenez le Chardonneret, que tout le monde tenait pour honnête, fit une mauvaise action qui sentait la coquinerie.

Le Chardonneret avait un âne, « le Cadet », fait sur mesure, vous auriez renoncé à en trouver un semblable de fort loin. Toujours prêt à rendre service, il courait comme un lapin, trimait comme une paire de bœuf, et complaisant ! Qu’il fallut rentrer la récolte, engranger les gerbes, porter la lessive au ruisseau, ou le curé du doyenné, mon Cadet ne refusait jamais.

Et plus fort, le Chardonneret certifiait que Cadet lui parlait !

Mais l’âne se faisait vieux, il avait de l’asthme, et le Chardonnet décida de le vendre....

D’après Contes du Brivadois de Touana Bartran – Edité en 1934 par René Borel à Brioude – Traduction en français d’Albert Massebeuf

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LA SAISIE

Le mari et la femme étaient de joyeux vivants. Leurs parents leur avaient laissé une fortune assez rondelette ; mais ne peu de temps ils en avaient vu le bout. Un matin le voisin leur dit :
- Je vous préviens que j’ai appris que vous auriez ce soir la visite de l’huissier.
- Si au moins, nous pouvions sauver notre mobilier dirent les époux ; mais il ne nous en reste pas le temps.

Ils réfléchirent longuement. Soudain la femme portant une main à son front :
- Une bonne idée, dit-elle à son conjoint, il m’a été dit qu’on ne pouvait opérer une saisie dans une maison où il y a un cadavre. Couche-toi et fais le mort....

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

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BRIOUDE - LES CONFRÉRIES DITES « GÉNÉRALES »

Dans les siècles qui ont précédé la Révolution, les églises paroissiales étaient plus nombreuses qu’à notre époque ; beaucoup d’entre elles étaient le siège de plusieurs confréries, de corporations groupées autour de la statue d’un saint patron possédant souvent des armoiries spéciales. Il arrivait parfois que ces confréries dépassaient le cadre de la paroisse proprement dite, tout en comprenant un nombre limité de membres, suivant la nature et l’importance des privilèges dont elles jouissaient. Elles portaient le nom de générales parce qu’elles englobaient des personnes de deux sexes appartenant aux différentes classes de la société.

Dans notre région brivadoise, il y a lieu de signaler deux de ces générales, remarquables par leur ancienneté et leur vitalité....

D'après l'Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965

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VELAY - NUIT DE NOËL

Il y avait autrefois un fermier appelé Marchand. C’était un homme dur pour sa femme, ses enfants, ses serviteurs, ses animaux. Dans son écurie, il avait deux grands bœufs. Les vaillantes bêtes mettaient toute leur volonté à tirer la charrue et à faire les charrois et, cependant, le maître n’était jamais content. Il les frappait sans motif, et il leur mesurait le foin.

On était au soir du 24 décembre, Froment et Rousseau, c’était le nom des deux bœufs, avaient été toute la journée sous le joug, et ils étaient bien fatigués. Le maigre foin de la crèche fut avalé en un instant, et ils étaient bien tristes, en train de ruminer. Mais ils se consolaient en songeant que c’était la nuit de Noël....

D’après Henri Hugon (1869-1944) « Les légendes du Velay » - Réédition du Musée de Saint-Didier

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VELAY - COMMENT FIT COUDACA POUR ENTRER AU CIEL

Un pauvre homme était mort un vendredi.

Il faut croire que ce jour là, la Camarde, avait fauché un peu trop vite ou que les esprits se livraient au repos, car il n’y eut ni ange ni diable pour recueillir son âme.

Et la pauvre âme ne savait où se diriger parce qu’elle ne connaissait pas plus le chemin du ciel que celui de l’enfer.

Elle se lamentait, quand saint Michel, qui venait de quérir un roi, passa. Elle le suivit, de loin, et, ainsi, arriva au ciel.

C’était un castel dont la muraille était si longue qu’on en voyait pas la fin et si haute qu’on en voyait pas la cime.

Les élus, que les anges portaient, entraient sans discontinuer....

D’après Henri Gilbert « Les conteurs du Couvize » - Imprimerie « La Haute-Loire – Le Puy en Velay – 1953

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LE SOLDAT ET LE DIABLE

Il y avait un soldat qu’on appelait le soldat de la plaine.

Un jour en voyageant, trouva le diable.
- Où vas-tu ? lui dit-il. Si tu voulais me porter un peu. Je suis bien fatigué.
- Entre dans mon sac, lui dit le soldat.

Le diable y entra. Quand ils eurent fait un peu de chemin, le soldat trouva une forge, demanda :
- Combien êtes-vous de maréchaux ?
- Je suis tout seul, répondit le maréchal.
- Vous n’êtes pas assez pour ce que je veux faire.

Il fit un autre peu de chemin, trouva une autre forge....

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

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BRIOUDE - LES TROIS MAÎTRESSES

Autrefois, à côté de la porte de Séguret, il y avait un beau garçon, le Jean le For qui voulait se marier ; ce n’était pas un mauvais parti : fils unique et quelques belles propriétés. Ses parents insistaient pour qu’il leur amène une bru. Comme je vous l’ai dit, il ne demandait pas mieux, mais il ne se pressait pas, il lambinait.

Les filles se mettaient en évidence, et les marieurs le sortaient de sa maison.

La peur de se tromper le tenaillait, il me semble qu’il n’avait pas tort, vous savez ! une fois fait, on est lié, et le diable lui-même ne ferait pas rompre le lien....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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LES SAUVAGES - LE LUTIN

La croyance aux lutins, croyance d’ailleurs très vague et très imprécise remonte probablement aux temps du pagnisme, époque où les peuples, surtout dans les campagnes, croyaient à la multiplicité des dieux, et admettaient des divinités de second et troisième ordre, les unes favorables, les autres hostiles.

Pour les populations de la Haute-Loire et de l’Ardèche, on peut même dire que tout le plateau central, le lutin était un être mystérieux, un peu dans le genre des fées. Il pouvait à sa guise, prendre toutes les formes. En général, il n’était pas méchant ; mais il se plaisait à faire des farces aux hommes et à leur jouer des tours plus ou moins pendables, surtout quand les hommes avaient bu un peu trop....

D’après Henri Hugon (1869-1944) « Les légendes du Velay » - Réédition du Musée de Saint-Didier

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BRIOUDE - LE DÉMON DE RACLE-COUENNE

Au temps où le Bon dieu allait à l’école – ce n’est pas d’hier – Jean Racle-Couenne tenait boutique de barbier au coin de la rue des Petites Tueries ; il avait épousé la Jeanne Ramasse tout, une cadette qui n’avait pas froid aux yeux, ni ailleurs, et qui le faisait marcher comme pas un.

Un soir d’août, où il s’était attarder à bavarder avec trois ou quatre personnes qui « stéiaient » du chanvre, trouva à son retour, un homme assis dans la boutique : maigre comme un coucou, noir comme une corneille, long comme un balai de four, avec des yeux étincelants et des serres comme une buse....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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AIGUILHE - LE MIRACLE DE LA PUCELLE

Une jeune fille du Puy, injustement accusée d’avoir failli, prit, dieu, Notre-Dame et le glorieux archange saint Michel, à témoin de son innocence ; mais comme on semblait ne pas la croire, elle dit à ses accusateurs de la suivre, monta au sommet du rocher Saint-Michel....

D’après Francisque Mandet - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur –éditeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

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SAINT GEORGES, PREMIER ÉVÊQUE DU PUY

Le premier évêque du Puy, un certain saint Georges, ayant eu connaissance des merveilles qui s’y accomplissaient, escala la montagne d’Anis. On était en été, et grande fut sa surprise de voir le pic enneigé, puis un cerf « élancé » y tracer de ses foulées le plan du sanctuaire qu’on projetait de bâtir à la gloire de la Vierge. Saint Georges marqua le tracé en y plantant des bâtons d’épine. Mais ce bon saint mourut...

D’après Gilbert Conche - « Légendes & Diableries de Haute-Loire »

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BRIOUDE - LES VOGUES

Durant la belle saison, c’est la période des fêtes patronales ou locales. Ces réjouissances sont habituellement désignées sous le nom de « vogues » ; tel est le cas pour les fêtes rurales de la région brivadoises.

Ces vogues, autrefois si rustiques , ont tendance à se transformer par suite des progrès de la vie moderne et de la multiplicité des fêtes urbaines.

Quelques usages anciens subsistent cependant dans nos communes à l’occasion de la vogue annuelle.

Avant la fête proprement dite, les jeunes gens de la classe, grands organisateurs des réjouissances publiques, parcourent les villages et hameaux pour faire « la quête » traditionnelle ; précédés du drapeau et accompagnés de musiciens, violoneux ou autres, ils s’arrêtent devant chaque maison....

D’après Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965

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SEMBADEL - LE LOUP-GAROU DE DIGNAC

Un jour à Dignac (Commune de Roche en Régnier – Sembadel), on vit apparaître un loup enragé. Les pâtres ne pouvaient coucher dans leur cabine, personne n’osait coucher dans les chabones. Un homme de Dignac nommé Breymand dit qu’il irait coucher à son parc avec son berger. Dans ce but il fabriqua un mannequin en paille et armé d’un pistolet et d’un paradour (Instrument servant à faire des sabots), il se rendit au parc avec son berger.

A peine dans leur cabane, c'est-à-dire une heure après environ, ils virent paraître le loup....

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

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GÉVAUDAN - IL S’EST ÉCHAPPÉ

Dans le pays de Saint-Chély (il y a presque cent ans), la maréchaussée passait son temps à travers le pays, le jour et la nuit, pour arrêter un assassin, un Lapiada, aussi féroce que la bête du Gévaudan.

Les gens qui fréquentaient les foires avaient rencontré plusieurs fois ce mandrin, et plusieurs pour avoir voulu sauver sa bourse y avaient laissé la peau.

Aussi, lorsqu’on l’eut arrêté et incarcéré, ce fut un soulagement dans la région.

Il y avait à peine guère plus d’un mois qu’on l’avait enfermé , lorsque le rétameur de Saint-Flour, qui avait la réputation de faire un écu de cinq francs avec une cuillère d’étain, vint à passer.

Avant de se rendre à Grandrieu, il s’était assis au bord du chemin pour casser la croûte, et, au moment où il embrassait sa chopine, Jean, le piéton, ne refusa pas de l’embrasser lui aussi. Ils se mirent à deviser....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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LAFARRE - HISTOIRE DE REVENANTS

Dans un vallon, entre Lafarre et Les Sauvages, tout près de la rivière, il y avait autrefois une pauvre maison en chaume. Le père de famille mourut et peu après, la mère et les enfants quittèrent le pays. Et la maison resta là, inhabitée et sombre. Bientôt, pourquoi ? Comment ? Le bruit courut que le mort revenait ; et les racontars allaient bon train. Certains croyaient en ces racontars ; d’autres les tournaient en ridicule ; mais tous, quand, la nuit venue, ils devaient passer devant la maison qui bordait le chemin, sentaient leurs artères battre plus vite et les cheveux se dresser sur la tête. Beaucoup fermaient les yeux ou regardaient du côté opposé...

D’après Henri Hugon (1869-1944) « Les légendes du Velay » - Réédition du Musée de Saint-Didier

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CHADRON - LE PROCÈS DE JEANNETTE REVERGEADE (1389-1390)

Une pauvresse, « Johanette Nova, alias Revergada », originaire de Farges, près de Siaugues-Saint-Romain en Brivadis, courait le pays, tirant le plus clair de ses revenue de sa coupable industrie. La sorcière, qui vivait en concubinage, finit par échouer, en 1389, à Chadron en Velay.

Malheureusement pour elle, elle tombait mal. La justice du lieu appartenait à Messire Dragon de Saint Vidal, abbé du Monastère de Saint-Chaffre. Par la rumeur publique, l’activité délictueuse de la bonne femme ne tarda pas à arriver aux oreilles du religieux qui mit aussitôt en branle la redoutable procédure inquisitoriale....

D’après M. Juillard rapporté par Gilbert Conche - « Légendes & Diableries de Haute-Loire » – Collection Histoire en France

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LE LOUP-GAROU DE LA CHAISE-DIEU

Des scieurs de long avaient établi leur chantier dans la forêt du Breuil, près de La Chaise-Dieu. Chaque jeudi, deux d’entre eux allaient à La Chaise-Dieu acheter les provisions de la semaine. Ces provisions étaient mises en réserve dans l’espèce de maisonnette en planche qu’ils s’étaient construite. Ils étaient établis là depuis plusieurs années, ne s’absentant jamais excepté le dimanche ? Ce jour-là, ils allaient tous ensemble assister à la messe dans le village de Bonneval. Cela fait, ils revenaient chez eux, préparaient leur dîner, le prenaient, puis se livraient au jeu le reste de la journée.

Or il advint qu’un dimanche en rentrant dans leur cabane ils trouvèrent leur feu allumé, un couvert sur la table, une bouteille à moitié vide, du pain, etc… toutes choses enfin annonçant que quelqu’un leur avait rendu visite, préparé des aliments, manger et bu....

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

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LES ROCHES DE SAINT MARTIN – ROSIÈRES

Au milieu de la crête de Saint Quentin et de Malavas, il y a trois roches à bassins, dites roches de saint Martin ; elles sont groupées à peu près en triangle. A leur face supérieure existent des cavités assez régulières taillées de main d’homme.

Si l’on interroge les paysans, les uns répondent que leurs ancêtres, au temps où ils étaient sauvages, cuisinaient dans ces vases. D’autres racontent que saint Martin, patron de Rosières, vint un jour visiter le sommet de la montagne....

D’après Aymar rapporté par Gilbert Conche - « Légendes & Diableries de Haute-Loire » – Collection Histoire en France

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L’ACCOUCHEMENT DE MONSIEUR LE CURÉ DE BERTIGNAT

Un terrible enchaînement de circonstances va convaincre le pauvre curé d’une invraisemblable intervention divine.

Mais de quoi souffrait donc le curé de Bertignat ? Après quelques analyses, le doute n’était plus permis : il était enceint d’un veau !

Cela faisait maintenant deux semaines que le curé de Bertignat souffrait d'une étrange maladie. Il y avait d'abord la fatigue, inexplicable malgré des nuits qu'il laissait s'allonger bien au-delà du lever du soleil. Et puis ces maux de ventre persistants, accompagnés de nausée en dépit de repas légers qu'il commandait à sa domestique Simone ; c'était une jeune fille peu futée, mais que le curé souhaitait garder près de lui car comme il disait à juste titre : « Que voulez-vous qu'elle fasse d'autre ? »

Le mal empirant, il avait fini par faire venir le médecin qui n'avait rien trouvé et suggéré des analyses...

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LES CHASSEURS DE « CABRIS » D’AIGUILHE

Deux habitants d’Aiguilhe résolurent de quitter le village dans l’espoir de faire fortune.

Après avoir dit adieu à leurs femmes, qu’ils laissaient éplorées, ils prirent la route de Brives et arrivèrent avant la nuit au village de ce nom.

Ils entrèrent dans une auberge et demandèrent à manger. On leur servi pour unique plat du chevreau en daube. Ils le trouvèrent si bon qu’ils faillirent dévernisser le plat.

L’hôtesse, témoin de leur appétit, résolut d’en tirer profit pour sa bourse.
- Vous avez été servis en princes, leur dit-elle, pour exciter leur enthousiasme.
- Sûr, nous n’avons jamais rien mangé de si bon ! Quelle est donc cette espèce de gibier ?
- C’est du cabri – répondit la gaillarde, et sa valeur vous en fera apprécier l’existence. Vous me devez 20 francs chacun....

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

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VOREY-SUR-ARZON - LA FONTAINE DE SAINT-MARTIN

A mi-chemin entre Vorey et Vertaure, entre la croix basse et la croix haute1, on remarque, à droite de la route et à une hauteur d’environ trois mètres, une excavation de forme ovoïdale creusée dans les flancs du rocher et mesurant quarante centimètres de hauteur sur trente-cinq centimètres de largeur. Le peuple voit dans cette cavité l’empreinte de la tête de cheval de Saint-Martin et en explique ainsi l’origine....

1Ces deux croix de bois reposent sur un socle de grossière maçonnerie et ont été érigées, il y a quelques années, aux frais de trois pieuses filles de Vertaure, Rose et Madelon Ligouzat et Philomène Maurin.

D’après Adrien Lascombe - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur –éditeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

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BRIOUDE - LA RÉPUBLIQUE EN PARADIS

Il paraît qu’il s’en est fallu de peu que dans le Paradis on instaure la République. S’il fallait croire les commérages de l’atelier du forgeron, le pauvre Bon Dieu « branlait dans le manche ».
- « Il est trop vieux, lorsqu’on lui demande quelque chose, il ne sait que répondre : « Vous m’ennuyez, si vous croyez que je n’ai rien d’autre à faire que d’écouter vos folies ! Ça ne peut pas durer, on est mal gouvernés ! »

A la fin, ils s’emparèrent de Saint-Pierre, un jour qu’il était venu faire clouter ses sabots. Ils l’invitèrent à secouer le Bon Dieu.
- « Toi qui t’entends si bien avec lui, dis-lui fermement et s’il se mutine, eh bien, nous l’expulserons, et tu fermeras le portail ....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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CRAPONNE-SUR-ARZON - LA CROIX DE SAINT ROBERT

A chacune des croix dressées sur les chemins, dans la banlieue de Craponne, la tradition attache quelque légende. Voici celle qui porte le nom de Croix de Saint-Robert.

L’illustre moine, cherchant la solitude où il voulait abriter ses vertus, s’aventura sur les hauteurs que domine la croix qui porte son nom. Déjà il avait mis la cognée à l’arbre de la forêt pour construire sa cellule, lorsqu’advinrent quelques gens du voisinage. Ils se moquèrent du saint, dit-on, se mêla même de la besogne et ajouta ses persécutions à celles des gens qui ne valaient guère plus que lui.

Ces obstacles, suscités par la terre et par l’enfer, firent comprendre à Robert que la contrée n’était pas digne de lui. Il se jette à genoux, il prie, se levant, inspiré, il lance, d’un brusque mouvement et au hasard, la hache qu’il tenait à la main, laissant Dieu maître de lui choisir le lieu où il voulait être honoré par son serviteur...

D’après l’Abbé Maitrias « Esquisse historique sur Craponne » - Savinel, libraire (1854)

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CAYRES - CARNAVALS D’AUTREFOIS

Dans les villages du Massif Central, le Carnaval était autrefois le temps par excellence des réjouissances populaires. On s'y préparait à l'avance et, pour que l'organisation fût complète, la jeunesse se groupait, arrêtait un programme et lui donnait la .consécration d'un pacte notarié.

C'est ainsi que, le 17 novembre 1624, sept habitants de Cayres en Velay, bourgade dont l'auteur des Mémoires du comte de Vordac, l'abbé Cavard, qui en était originaire, a prétendu qu'on y rencontrait les populations « les plus intraitables de la province », comparaissaient devant Maître Gabriel Peyret, tabellion royal, et s'y constituaient gaiement en commission des fêtes.

II était convenu d'abord qu'on se travestirait « honéstement » et que l'on se munirait de fusils et de pistolets, accessoires indispensables pour provoquer la joie....

D’après Ulysse Rouchon – Journal des Débats Politiques et Littéraires –Edition du 22 février 1925

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LA CHAPELLE-LAURENT - LE THÉOLOGAL

u temps où l’évêque de Saint-Flour donnait le sacrement de confirmation à Brioude, il avait coutume de s’y rendre à la Noël. Une année, après avoir dîné copieusement chez le curé de La Chapelle-Laurent, et s’y étant attardé, son carrosse passa devant le poids public à la nuit. Il faisait noir, pauvre gens, pas moyen de voir devant soi, le carrosse n’avait qu’un petit lumignon comme un chaleil. Le Meniar, le roi des employés de l’octroi, fouineur et sévère comme il n’y en a plus, il n’aurait pas laissé passer un enfant sans le fouiller ; à cet instant il était de service, et se mit au milieu du chemin en criant.
- « Arrêtez l’ami, avez-vous quelque chose à déclarer ? »
L’évêque était volontiers farceur et le bon dîner de La Chapelle, l’avait mis de bonne humeur.
- « Bien sûr, répondit-il, j’ai un théologal ».
- « Un théologal, rumina le Meniar, il faut que j’aille voir au bureau qu’est-ce c’est ....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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LE MAL MARIÉ - LO MAU MARIDAT

Cet innocent de Joseph de la Mite s’était marié avec la Sidonie de Piquelard qui avait tout juste dix-huit ans.

La Sidonie était malicieuse et délutée, se démenait comme un poulain, et le pauvre Joseph, qui aurait pu être presque trois fois son père, n’avait d’autre envie que de manger sa soupe et de coucher comme les poules.

Et, une fois qu’il avait la tête sur son oreiller, il se contentait de ronfler… Il se souciait peu de ce la jeunesse pouvait demander… Et la Sidonie, la pauvrette tournait et retournait et languissait…

L’eau, le vent et la pluie passent ; mais il y a des choses qui ne passent point.

Joseph travaillait tout le jour, se reposait la nuit, mangeait et buvait quand la faim et la soif le lui commandaient ; sa vie tournait comme une roue de son tombereau, doucement, doucement...

D’après Henri Gilbert - Les conteurs du Covize – Imprimerie « La Haute-Loire » - Le Puy en Velay - 1953

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BRIOUDE - GARDEZ LES ŒUFS

Autrefois, le bailli de Bournoncle, Baptiste le Finaud, s’était imaginé de dresser des oiseaux ; il en avait une pleine maison ; pour un rossignol il aurait vendu l’Eudoxie, sa gouvernante ! ce n’est pas pour dire, mais la fille n’aurait pas tardé à être négocié en foire. Le Lapin, le fils du charron, son voisin, errait le plus souvent à travers les rues, que dans l’atelier de son père ; lui aussi voulait dresser des oiseaux, et en flânant par-ci par là, un matin, il aperçut dans une haie, un nid de loriots ; les petits venaient d’éclore, il les laissa : « Je viendrai les chercher quand ils auront perdu le poil fou ».

Les enfants parlent toujours trop . Il ne fut pas aussitôt entré à la maison qu’il commit la sottise de s’en vanter à l’Euxodie. Pensez si la belle s’empressa de tout dire à son futé de maître ! ...

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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ENTRE SAINT-HILAIRE ET SAINT-VERT - DU FORGERON AU MENEUR DE LOUPS

La légende raconte que « Liancade » , originaire de Fournols, avait pris une femme de Sainte-Catherine où il devint forgeron, mais il s'était mis mal avec sa famille et avait tout lâché pour vivre en homme sauvage dans les ruines de Châteauneuf-du-Drac ».

La légende commence donc dans les ruines de l'ancien château médiéval. Le voyageur devra entrer au cœur des Monts du Livradois en direction de Saint-Germain-l'Herm puis poursuivre vers la commune de Sainte-Catherine à la limite avec la Haute-Loire. Là, plus à l'ouest dans les Bois de la Cèpe, se cachent les ruines d'une construction impressionnante, ancienne demeure des Dracs, seigneurs des lieux...

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LE PUY - RENTRÉES SCOLAIRES D’AUTREFOIS

Au collège royal du Puy-en-Velay, dans les dernières années du dix-huitième siècle, la rentrée avait lieu le 19 octobre, «jour immédiatement suivant celui de la fête de Saint-Luc », ce qui donnait six semaines environ de vacances aux maîtres et aux élèves puisque la sortie était ordinairement fixée au 1er septembre.

Le jour de la reprise des travaux scolaires était marqué par une solennité académique prévue par le règlement. Une semaine avant la cérémonie, le principal, accompagné de l'un des professeurs, était venu inviter d'abord l'évêque auquel le programme établi avait été présenté, puis les chefs ou syndics du Chapitre cathédral, du présidial et les consuls. Ces visites, faites en grand apparat, préparaient la réception des autorités saluées à leur arrivée par les administrateurs, maîtres et régents en robe.

On se rendait ainsi en cortège dans la salle d'honneur...

D’après Ulysse Rouchon – Journal des Débats Politiques et Littéraires –Edition du 24 septembre 1929.

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BRIOUDE - L’AIGUILLE À TRICOTER DE LA NANON

Le père Losange, un vieux gourmand de bélier, et Claude le cordier étaient amis, toujours l’un chez l’autre , ils n’auraient pas mangé la moitié d’une pomme de terre sans s’inviter ; je crois bien que le Claude, roublard comme un avocat, n’était pas insensible aux attraits de la Nanon, la servante du Losange, une belle fille et une futée !

Ne voilà-t-il pas que la guigne voulut que le samedi veille de Saint-Julien à la chasse, ils tirent sur le même lièvre ! Losange voulait que ce soit lui qui l’ait tué. Claude aussi, alors ils se querellèrent, et d’un mot à l’autre, ils en seraient venus aux mains, le Losange, plus têtu, garda la prise.
- « Gueux, tu ne la goûteras pas s’ écria Claude. Celui-ci l’oreille basse, s’en alla en grommelant : « Qui sait ? »...

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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PRADES - ET TOI AUSSI…

Il y a du temps, La Manera, du village de Prades, était marchand de vin. Il s’approvisionnait dans le bas pays et puis, à pleines outres, il le portait sur une paire de chevaux dans les villages des alentours.

Un dimanche, qu’il en portait au curé de Llordat, il arriva juste à la sortie de la grand messe, et le curé l’invita à dîner.

La Manera, ne se faisait pas prier quand il fallait donner un bon coup de fourchette ou boire quelque rasade. Il attache ses chevaux dans l’étable, leur donne ce qu’il faut, et, tout content, se met à table en tête à tête avec son hôte.

Justement, ce jour-là, Marie, la cuisinière avait fait cuire à la broche un quartier de mouton. Vous pouvez penser que les deux compères y firent honneur...

D’après Henri Gilbert « Les contes de la Luneira » - Imprimerie de la Haute-Loire, Le Puy – 1932 Lire la suite

CLERMONT-FERRAND - À CE QU’ON DIT, LE PAUVRE ROBERT NE S’ÉTAIT JAMAIS REMIS DE LA MORT DE SA FEMME

C’était presque trop beau : en épousant Rose, Robert avait trouvé un joli brin de fille, et une fort belle situation. Ah, s’il n’y avait eu cette terrible épreuve, dont il ne se remit pas !

Quand Robert Lurin avait attrapé la belle Rose, il ne s'était pas contenté d'épouser la plus belle fille du quartier. Il était entré dans la famille Chabasson, les fromagers les plus célèbres de Clermont-Ferrand, trouvant du même coup un emploi « Aux bons Saint Nectaire d'Auvergne » où l'on faisait la queue tous les jours pour ramener sur sa table le roi des rois des fromages.

Le père Chabasson n'avait que des filles, et c'était aussi une aubaine pour lui que de dégotter un gendre costaud et volontaire pour l'aider à remonter ses caisses de fromages de la cave et tenir le magasin. Et par chance, les deux hommes s'entendaient comme père et fils, si bien que dix ans plus tard, lorsque Marcel Chabasson atteint l'âge de la retraite, Robert devint son successeur naturel....

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CHANTEUGES - L’ERMITAGE DE POURCHERESSE

Dans la région brivadoise, il y avait un ermitage célèbre, situé dans la forêt de Pourcheresse entre Chanteuges et Pébrac. Cet ermitage, cité dès le XIIe siècle était doté d’une chapelle sous le vocable de la Sainte-Trinité ; il était compris dans la justice de l’abbé de La Chaise-Dieu en sa qualité de prieur de Chanteuges. C’est pourquoi le curé de cette dernière paroisse allait y célébrer la messe deux fois par an, les 6 et 12 août. On a conservé les noms de beaucoup d’ermites, dont la plupart furent ensevelis dans la chapelle de l’ermitage.

C’était un lieu de pèlerinage très fréquenté et un certain renom de célébrité y reste encore attaché...

D’après l’Abbé Julien Lespinasse – Chroniques du Brivadois – Un peu d’histoire locale – Edition « Almanach de Brioude » - 1965

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LEOTOING - LES RIVES D'ALAGNON

Il y a longtemps, très longtemps, vivait en son château de Léautoing un seigneur craint des serfs et honni de ses hommes d'armes pour son insigne cruauté. Protégé par de gigantesques murailles dominant de très-haut les pays d'alentour, il avait bravé la colère de ses nobles voisins qui avaient essayé à maintes reprises, sans y réussir jamais, de venger l'honneur de la femme, dont après avoir fait son épouse, il avait fait sa « victime ». Resté seul avec sa fille Hortense, il passait des journées entières à errer dans les hautes salles que décoraient encore les trophées conquis par ses ancêtres et chercher à surprendre en faute quelques-uns de ses serviteurs qu'il faisait alors impitoyablement périr.

Ainsi placée entre de grossiers valets et un père soupçonneux et cruel, Hortense avait grandi amoureuse du silence et de l'ombre...

D’après E. A. de JAX – Revue littéraire La Sylphide (Voiron) - Date d'édition : 1897-1906

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LE SAINT CLOU DE CHAMALIÈRES

Le seigneur de Chalencon avait un valet aveugle. Ce valet alla à Chamalières où l’on gardait un clou de la vraie croix et revint guéri. En le voyant, le seigneur de Chalencon s’écria : Il faut y mener notre cheval aveugle...

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

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L’OR DU DIABLE

Il y a beau longtemps que le moulin de Roc-sur-Lignon ne tourne plus. Mais les promeneurs viennent encore y rêver. Le site s’y prête : l’eau bondissante et le granit obstiné s’y font mutuellement valoir. Le fouillis végétal qui l’enserre, fait écran entre les prés nourriciers d’un riant village et la part indomptable que la nature se réserve : prenez la sente muletière qui longe le moulin et, à quelques pas de là, vous verrez l’impressionnant chaos des roches à pic, le tumulte des eaux, la nervosité des troncs d’arbres qui s’enserrent, envers et contre tout. Vous verrez aussi, par delà, dans les lointains bleutés, d’impassibles montagnes.

Sylvette qui habitait au village, menait sans crainte à ces confins les chèvres familiales, sachant mieux que vous et moi qu’elles ont le pied si sûr qu’elles s’y complaisent. Mais la fraîche chevrière rêvait follement...

D’après J. Baudeneau rapporté par Gilbert Conche - « Légendes & Diableries de Haute-Loire » – Collection Histoire en France

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MONISTROL-SUR-LOIRE - LA LÉGENDE DE SAINTE MARGUERITE

Quand l’infortunée Marguerite fut chassée de son couvent1 elle s’en vint errante, demander l’hospitalité dans le château de Betz, au voisinage de Monistrol. Les maîtres de ce château, qui avaient le cœur bon et charitable, accueillirent, comme ils le devaient, la sainte religieuse, et lui donnèrent une chambre pour y prendre son sommeil.

Or, il arriva que, pendant cette nuit, la dame châtelaine mit au monde un joli enfant...

1Sainte Marguerite, accusée d’avoir la lèpre et la gale, fut chassée du couvent de la Séauve ; mais à la suite de cures merveilleuses dans la contrée, l’abbesse du couvent la rappela. Elle y mourut le 3 janvier 1206.

D’après H. de Chabron - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur –éditeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

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YSSINGEAUX - LA PROCESSION DES PÉNITENTS

Les traditions paysannes sont encore robustes dans le Massif Central. Depuis la fin du seizième siècle qui marqua l'établissement des confréries de pénitents blancs du Confalon, la pieuse coutume de la procession du Jeudi Saint s'est transmise à travers les générations et subsiste régulièrement.

C'est un spectacle inoubliable auquel nous assistions naguère à Yssingeaux, petite cite rurale du Velay montagnard. Il est six heures du soir. Le soleil descend derrière le suc d'Eyme. Il fait frais. Ce n'est plus l'hiver, si âpre sur ces hauteurs, mais le printemps ne se décide pas encore à a tiédir les crépuscules. Les rues sont pleines de monde toute la campagne s'est rendue au chef-lieu et les enfants en toilette bigarrée accompagnent leurs parents.

En foule, on s'est porté d'une chapelle à l'autre...

D’après Ulysse Rouchon – Journal des Débats Politiques et Littéraires –Edition du 16 avril 1941 .

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PAULHAGUET - FAITES PAYER MON GENDRE

Le Chardonneret, qui avait enlevé l’aînée de ce richard de Bras de Fer, était connu dans le Chaliergue pour être le roi des avares ; il se serait laissé saigner plutôt que tirer un sou de sa bourse, sans s’en faire rendre quatre.

Aussi coquin qu’il fut, sa fille, la Jeanne si belle, lui en fit une peu commune.

Ni lui, ni sa famille n’avaient eu la réputation d’être des dévots et si quelqu’un brisait les chaises de l’église, certainement ce n’était personne de chez le Chardonneret.

Par moins, la belle l’abandonna et se fit religieuse....

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf

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BRIOUDE - D’UN PEU PLUS … LE BON DIEU ALLAIT EN ENFER

D’un peu plus, le bon dieu allait en enfer :

Un jour qu’il faisait sa ronde pour se rendre compte si ses gens observaient le règlement, il aperçu Saint-Verny qui bricolait dans son petit atelier.
- « Que fais-tu là ? lui dit-il , tu as assez trimé de ton vivant, maintenant il faut te reposer ».
« Croyez-vous, que ce soit un plaisir de se reposer ? A ne rien faire, je m’ennuie, et ma foi, l’Isidore qui veut battre demain, m’a fait dire par sa servante, ce beau brin de fille de Bonnette, qui est aimable comme un sou, que je lui prête mon fléau, cela ne se refuse pas, je le repasse et la Bonnette l’emportera ».
- « Vrai, tu t’ennuies ? ».
- « Ah, brave bon dieu, ce n’est rien de le dire, je languis, j’en perds mes cheveux...

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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ESPALIOU - VOREY-SUR-ARZON

Suivant les traditions populaires, d’immenses trésors remplissent les caves du Fort ou château d’Espaliou1.

On ne pénètre dans cet Eldorado qu'une fois par an lors de la célébration de la messe de minuit, entre les deux élévations. L'homme assez téméraire pour tenter cette entreprise doit s'armer de courage pour triompher des obstacles semés sur ses pas. Le Fort est, dit-on, protégé par sept diables dont la taille gigantesque et l'aspect sinistre inspirent la terreur.

Sentinelles vigilantes, ils font faction au seuil de la caverne et sur le chemin de la Charitète....

1Espaliou est le nom d’un ancien château situé sur le long de la Loire, dans l’enceinte de la terre de Roche en Régnier. En lieu et place du château se trouve l’actuel village de vacances de Vorey, sur un promontoire dominant une large boucle de la Loire.

D’après Adrien Lascombe - « Velay et Auvergne » - Contes et Légendes recueillis par Régis Marchessou Imprimeur – éditeur au Puy en Velay – 23 Boulevard Carnot – 1903

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L’HOMME PAUVRE ET LE DIABLE

Un homme qui était fort pauvre devait une somme considérable qu’il fallait payer dans peu de jours. Cet homme fort ennuyé ne savait comment s’y prendre.

Un soir, il était assis près de son feu, parlant à sa femme de ce qu’il ferait.

Tout d’un coup, il vit entrer un jeune monsieur qui lui demanda de quoi il parlait. Le pauvre homme lui raconta de quoi il s’agissait.
- Eh bien, lui dit le bourgeois, si vous promettez de faire ce que je vous dirai, je vous promets de vous sortir de peine....

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

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mardi 10 janvier 2017

BRIOUDE - LA BARRIQUE DE LA POULETTE

Après avoir discuté et chicané pour un morceau de champ en friche, là-haut aux Peuths, et pour une couette de poil de lapin, le Loriot et le Baron, avaient fini par se mettre d’accord, à l’occasion du contrat de mariage de la Poulette et du Léon.

Les femmes en avaient fait toute une histoire ! Il s’en était fallu de peu que devant le notaire, l’Eugénie du Loriot méchante et rancunière, secoue la Marguerite Baron.

Enfin, tout était rentré dans l’ordre, et le mariage devait se célébrer au Mardi-Gras...

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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LA LÉGENDE DU LAC D’ISSARLÈS

La paroisse d’auprès de chez nous était jadis bien grande, bien grande, beaucoup plus grande qu’aujourd’hui. Dedans, il y avait une ville qui s’appelait déjà Issarlès, comme le lac.

Un jour, le ciel était tout barbouillé, et le vent poussait de gros vilains nuages, comme qui dirait des poignées de laine de moutons noirs.

Un pauvre, étranger, arriva dans la paroisse, pour demander l’aumône.

Sa première tournée fut dans la campagne.

A la première maison qui se trouva sur sa route :
- Donnez-moi quelques chose, s’il vous plaît, demanda-t-il ; j’ai grand ‘faim.
- O mon ami, répond une femme compatissante, je n’ai rien à vous donner.
- Pas seulement quelques pommes de terre dans votre marmite ?
Le pauvre en prit une et s’éloigna...

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

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BRIOUDE - IL RETOURNE

Le Curé de Combanière était si âgé qu’il ne pouvait rien faire ; après avoir patienté, l’évêque se décida à lui donner de l’aide ; il convoqua un jeune vicaire mais pas du tout entreprenant. Un rien l’embarrassait et il avait toutes les peines du monde à assurer son service. Pour la messe cela allait à peu près, mais pour confesser les femmes, là était le « Tu autem », pas culotté pour deux sous, si une femme le regardait, il allait se cacher, il avait besoin d’être mis au pli.

Le curé lui disait souvent : « Cela viendra, peut-être trop, mais pour le moment, mon pauvre petit, vous n’êtes pas malicieux ».
- « Vous croyez ! vous ! Monsieur le curé, lorsqu’il me faut confesser une femme, je suis tout retourné ; et pour la pénitence, c’est trop fort, je bafouille et ne sais pas où j’en suis ».
- « Bêta, ça n’est pas difficile...

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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SAINT-ILPIZE - CÉRÉMONIE DU CHANA DE LAVOUTE

Les Officiers du Seigneur de Saint-Ilpize en Auvergne, étaient autrefois sans l’usage, tous les ans, d’aller le 2 de janvier, jour de la Foire, appelée de Sainte Ouzials (Saint Odile) de la ville de Saint-Ilpize au Bourg de la Voûte, avec des armes, précédés de Jongleurs, de Ménétriers, des Sergens du Seigneur, qui avaient leurs épées ceintes en bâton, d’un Valet portant un pot vide, appelé Châne ou Chana en vulgaire, contenant seize à dix sept pintes de vin, mesure de Paris.

Dans cet équipage...

D’après le Dictionnaire Universel et Critiques des Mœurs …, volume 4, par Une Société de Gens de Lettres - Librairie P. Costard, rue Saint-Jean de Beauvais à Paris – 1772

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BRIOUDE - LE VEAU DE LA SAINTE BARBE

Autrefois, à la Sainte-Barbe, les pompiers faisaient le tour de ville avec tambour et musique. Il n’en fallait pas davantage pour mettre en émoi.

Le père Bariol, maigre comme une arête et long comme un balai de four, était tambour-major. Il marchait en tète et faisait tourner et voler sa grande canne jusqu’au sommet des maisons.

Les sapeurs, barbus, tels de vieux boucs avaient des bonnets de peau de mouton d’un pied et demi de haut et des tabliers en cuirs blancs qui descendaient jusqu’aux chevilles ; ils étaient effrayants au point de faire fuir les enfants.

En passant devant la porte de Sainte-Barbe, le père Bariol allumait un brasier de la taille d’un pignon...

D’après « Les Contes du Brivadois » de Touana Bartan (Antoine Bertrand) - Editions René Borel à Brioude – 1934 – Traduction Albert Massebeuf.

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LE SAUT DU DIABLE

Dans les gorges de la Loire, deux creux sont réunis par une rigole à la face supérieure d’une roche adhérente aux vastes rochers à pointes aiguës et comme crénelées que le peuple appelle le château des Sarrasins. C’est un lieu sinistre et hanté : ami des païens, le démon les visitait souvent...

D’après Aymard rapporté par Gilbert Conche - « Légendes & Diableries de Haute-Loire » – Collection Histoire en France

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LE PETIT HOMME DE CROUZILHAC

Crouzilhac est à trois kilomètres de Tence et l’on y va en suivant la route de Dunières pour s’engager ensuite sur un chemin d’exploitation rural qui gravit la colline boisée au sommet de laquelle, à cent mètres environ d’une carrière, on rencontre ce qu’on nomme communément les « roches druidiques ».

C’était longtemps avant que s’introduisit dans l’Eglise l’usage de sonner l’Angélus, alors que le lutin, cet esprit capricieux et follet, régnait en souverain dans les écuries, les granges et même autour de l’âtre ...

D’après Ulysse Rouchon , Contes et Légendes de la Haute-Loire – Crépin-Leblond éditeur à Moulins (1947)

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